Grisélidis Real ou la passe imaginaire

Grisélidis Real

 

Née en 1929 à Lausanne, elle commence à se prostituer dans les années 1960, dans un bordel clandestin de Munich : divorcée, elle doit nourrir ses trois enfants. En 1975, elle est l’une des meneuses de la « Révolution des prostituées » à Paris : 500 filles occupent la chapelle Saint-Bernard et réclament la reconnaissance de leurs droits.

Grisélidis amènera sa « Révolution » à Genève en 1977, et ne cessera de se battre contre une société pétrie de morale judéo-chrétienne hypocrite. Elle crée dans son appartement des Pâquis le Centre international de documentation sur la prostitution, et fonde en 1982 l’association de défense des prostitués Aspasie, à Genève. Plus tard, elle combattra avec l’énergie qui lui reste « le Sarkozy » et sa loi régressive. Elle sera emportée par un cancer le 31 mai 2005.

Œuvre maîtresse de Grisélidis Réal, La PASSE IMAGINAIRE est le fruit d’une correspondance entretenue de l’été 1980 à l’hiver 1991 avec le journaliste Jean-Luc Hennig. Ce document sur la prostitution au quotidien dévoile le panorama secret de la misère sexuelle masculine avec rage, crudité et tendresse. Au fil des lettres, l’autoportrait de cette P… irrespectueuse met à jour les autres femmes qui vivent en elle : la grande voyageuse, la lectrice éclectique, l’amoureuse passionnée, la sociologue amateur, l’altruiste libertaire et l’épicurienne raffinée.
Dans les lettres de La Passe imaginaire, Grisélidis raconte aussi comment elle accueille chez elle, avec musique et bougies, ses clients turcs, portugais, suisses ou espagnols. Visiteurs d’un soir ou fidèles depuis des années, ils dessinent un portrait de la solitude masculine et de la misère sexuelle.